Pas évident de reprendre ce carnet de route en suspens, d’autant plus que j’ai depuis eu l’occasion de retourner à Hong Kong pour une dizaine de jours. Espérons donc que mes nouveaux repères n’auront pas complètement effacés mes premières impressions et que je saurai retranscrire ma confusion des premiers jours. Reprenons donc où nous en étions…
Tin Hau, rugby, pique-nique et marché – 香港2日目・人種のるつぼ. Chungking Mansions, 6h00 du matin. L’alarme de ma montre s’immisce dans mon demi-sommeil qui fut malgré tout réparateur ; j’envisage même une seconde de prendre la chambre pour une nuit de plus. Les images de la veille ne tardent cependant pas à me revenir à l’esprit et je me souviens tout à coup de l’horreur des escaliers condamnés. C’est bête à dire mais je me suis pris à imaginer une embuscade. Je tends l’oreille. Pas un bruit. Je me prépare en silence, calant mes sacs contre mon corps pour pouvoir faire face à toute éventualité. Plus question d’hésiter et de me faire des films face à cette porte qui demeure aussi silencieuse qu’on peut l’être à cette heure matinale un dimanche matin. Je sors et passe d’un pas rapide dans le couloir, saisi soudain par l’idée que la porte de la guest house puisse être fermée. Peu importe, je ne me laisse pas le temps de paniquer et je suis déjà en face de l’ascenseur. Il arrive… plein. Deux gaillards avec d’énormes sacs façon Tati empilés jusqu’à ma hauteur. Au point où j’en suis, je décide de me faire une place au milieu du barda, retrouvant bientôt le hall principal et l’homme de la veille qui semble me souhaiter une bonne journée. Je n’ai cependant qu’une idée en tête : sortir.
Si mes péripéties s’arrêtent plus ou moins là, Hong Kong m’a tout de même montré un premier visage hostile et, disons le franchement, je me suis demandé une ou deux fois ce que je faisais là. Mais entre un passant qui, me voyant hésitant avec ma carte à la main, n’hésite pas à téléphoner à la guest house que je cherchais et l’accueil chaleureux – intéressé diront certains – fait par le propriétaire de la dite guest house, j’ai pu déposer mes bagages le cœur léger, revigoré par une bonne dose de chaleur humaine dont j’avais bien besoin.
Tommy – le propriétaire – ayant fini son (long) discours bien rôdé de présentation de Hong Kong et du quartier, je décide de commencer ma découverte de la ville par l’est avec le temple Tin Hau. J’étais loin de me douter à ce moment-là que la région recelait de temples homonymes. Quoi de plus normal dans une île quand on sait que Tin Hau est la déesse patronne des marins et des pêcheurs… En comparaison avec les temples japonais, j’ai trouvé l’endroit haut en couleurs et assez sombre – chose qui n’est pas pour me déplaire. L’encens brûle aussi bien devant les autels qu’au plafond, engorgeant les lieux d’une fumée à la fois mystique et enivrante. Des amis me l’ont expliqué lors de mon deuxième voyage mais l’encens n’a ici aucune fonction de purification : il s’agit de nourriture pour les morts qui le consomment – consument devrais-je dire – lentement.
Bien content de cette première visite, je décide de repartir à pied sur Causeway Bay – où se trouve ma chambre – afin de profiter un peu du spectacle urbain. Premier constat : des immeubles majoritairement effilés et criblés de fenêtres servent de toile de fond à la ville. De vieux souvenirs sur Shenmue refont surface et je me mets à espérer trouver un vieux quartier qui aurait la gueule du Kowloon dépeint dans le jeu (il semblerait qu’il ait été inspiré de Kowloon Walled City dont j’aurai l’occasion de vous reparler).
En attendant, je poursuis ma balade en passant par le Causeway Bay Sports Ground et la bibliothèque centrale de Hong Kong. Plus je m’approche du Victoria Park, plus la foule se fait dense avec de nombreux groupes de Philippins (?) qui pique-niquent aux abords du parc. Il paraît que c’est normal le dimanche mais j’avoue que je me demande encore à quoi tient cet attroupement dominical. Je suppose que l’étroitesse des logements ne favorise guère les réunions de famille.
Récupérant Gloucester Road pour essayer de rallier le Convention Center, la circulation trop importante a raison de moi et je me rabats sur Jaffe Road qui coule en parallèle. Bien m’en prends car c’est dans ses environs-là que je tombe sur mon premier marché de rue. Et un marché, à Hong Kong, c’est avant tout un feu d’artifice de senteurs. L’odorat est pris d’assaut par des effluves toutes plus inconnues les unes que les autres et il faut un certain temps pour s’habituer à cette odeur si particulière qui restera pour moi définitivement rattachée à Hong Kong.
L’apn me démange bien entendu énormément mais difficile de faire le malin face aux bouchers et poissonniers qui désossent et évident à grands coups d’énormes hachoirs. Je continue donc tranquillement mon chemin vers Wanchai mais on verra ça une prochaine fois. 😉
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