Un tatamisé à Hong Kong – 香港への脱出・闇と光. Quand cela fait sept ans que vous baignez dans une culture, il y a des choses auxquelles vous ne faites même plus attention tellement elles vous semblent naturelles. Mais si cette culture se fait cocon et vous protège, vous berce, vous isole du monde extérieur « si cruel » sans que vous ne vous en aperceviez, alors le retour à la réalité est brutal et douloureux. Choquant pour certains, libérateur pour d’autres, ce sevrage inattendu m’a sorti d’un doux rêve avec lequel je suis désormais bien content de prendre du recul…
Aéroport International de Hong Kong. Onze heures du soir. Mon backpack sur le dos et la sacoche de mon réflex sur l’épaule, j’attends l’Airport Express qui doit m’amener à Central. La navette ferroviaire est une vitrine technologique qui me fait reléguer le Narita Express à une lointaine époque du passé. Je suis toujours sur mon nuage et la réservation de mon hôtel faite sur internet une demi-heure avant mon départ de Tokyo ne me préoccupe aucunement. Arrivée à Central. L’air est lourd, et moite. Je lève instinctivement la tête pour chercher du ciel mais Connaught Road est étouffée par ses immeubles, et on a l’impression d’être au fond d’une crevasse. Le double étage des rares bus encore en circulation contribue à m’écraser encore plus sur l’asphalte. Tout est comme étiré avec excès vers le ciel mais qu’importe : je ne suis pas venu pour me retrouver en terrain familier et je commence ma marche vers l’hôtel, carte à la main et yeux écarquillés en direction des hauteurs.
Mon sens de l’orientation ne me fait heureusement pas défaut et je trouve l’hôtel sans problème. Tout comme le reste, il est comprimé par les immeubles voisins comme une dent qui n’a pas sa place dans une mâchoire trop étroite. L’hôtesse d’accueil est charmante et me propose même d’utiliser gratuitement internet pour me chercher un autre hôtel : ma réservation faite à la va-vite le matin s’est bien passée, au détail près que j’ai réservé pour deux jours plus tard…
Central. Une heure du matin. Aucun logement de libre à un prix décent – on est samedi soir. L’excitation des premiers moments est chassée par la fatigue et le poids de mon sac, dévoilant le véritable visage de la ville qui m’accueille : l’atmosphère est étouffante. Un coup d’œil rapide sur le Lonely Planet tout en allant courir après le dernier métro et me voilà en route pour Kowloon et son immeuble rempli de chambres bon marché pour backpackeurs peu regardant sur le service : Chungking Mansions. Avec mon air paumé et mon guide à la main, j’ai l’air du touriste que je suis et je me fais sans tarder accoster pour du hachich et de la cocaïne. L’homme est plein comme une bourriche et je continue mon chemin sans y prêter attention – deux ans de Pays-Bas ça forme. Un deuxième homme est déjà sur moi. Propre sur lui, c’est un Indien qui cherche à remplir sa guest house nouvellement ouverte dans les Chungking Mansions justement. Vu l’heure et mes idées plus très claires, je décide de le suivre.
On entre ensemble dans un immeuble dont le rez-de-chaussée est comme un hall d’hôtel délabré. En son centre, ce que je prends pour un comptoir de réception sert de tour de garde à la seule autorité qui semble régner sur les lieux : un homme, la cinquantaine, en uniforme et l’air honnête. C’est bien le seul du coin d’ailleurs. L’homme qui me guide parle en hindi à certains de ses collègues qui se joignent à nous dans un des nombreux ascenseurs qui filent dans les tours internes de l’immeuble. Je dis « tours » car elles ne communiquent pas entre elles et on est obligé de repasser par le rez-de-chaussée pour changer de bloc. Entouré de mes nouveaux compagnons et peu rassuré dans l’ascenseur qui date d’un autre âge, je me retrouve bientôt face à une chambre pas vraiment propre mais qui ferait bien l’affaire. Je prends la carte de la Guest House et arrive à convaincre le propriétaire que je vais juste faire un tour pour voir ce que les autres endroits proposent. En attendant l’ascenseur qui met une éternité à arriver, je réalise toute l’horreur des Chungking Mansions. Aucun escalier et la plupart des portes sont murées : aucun échappatoire en cas de problème.
De retour dans le hall principal, le ballet des rabatteurs recommencent. Je tombe cette fois-ci – entre autres – sur une vieille chinoise à qui je décide de faire confiance. Dans l’ascenseur qui nous amène dans un nouveau bloc des Mansions, un Européen me souffle en anglais « Do you know where you are going to ? », je rétorque franchement « Absolutely not. ». On arrive alors à son étage et il ne trouve rien de mieux à me dire qu’un « Good luck then… ». Je l’aurai frappé. Le petite vieille m’entraîne derrière une porte sans aucune inscription mais des chambres sont bien là. C’est sale mais la porte semble pouvoir bien fermer. Je règle les 150 HKD alors qu’elle me tend une serviette plutôt blanche considérant l’état général du reste. Quelques photos, une bonne douche et je tombe dans un demi-sommeil peu reposant mais qui me permet d’attendre le premier train du lendemain…
Cette introduction à mon voyage à Hong Kong est finalement devenue un vrai journal mais je ne pense pas continuer ainsi. Mon arrivée fut vraiment marquante et je n’ai pu empêcher mes doigts de filer sur le clavier pour en raconter certains des détails. La suite devrait cependant prendre une forme plus proche de celle de mes billets sur le Japon. Enfin bon, on verra une fois le moment venu. Au fait, pour ceux qui se poseraient la question, « Hong Kong et moi » existe mais n’ouvrira ses portes que si j’y retourne pour mettre la main sur suffisamment de contenu pour justifier un blog séparé. Bonne Golden Week à tous ! 😉
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